GTA 2016

RAPPORT
Nous étions 11 pour cette randonnée de 5 étapes dans le piémont sur la GTA (Grande Traversata delle Alpi) qui en compte 65 au total pour arriver à la méditerranée.
Pour le parcours détaillé, je vous renvoie à l'article paru dans la revue "Les Alpes" de septembre 2015, p.19.
D'une manière générale, tous les villages traversés sont de style Walser avec des édifices construits en bois et en pierre datant parfois de 800 ans, les autochtones qui résistent en peuplant encore le fond de ces vallées oubliées sont très accueillants et mettent tout en œuvre pour satisfaire les randonneurs de passage qui découvrent le monde alpin du point de vue des habitants d'autrefois.
Samedi 11 juin 2016:
Embarquement à 07:50 à la gare de Lausanne. Arrivée à Domodossola à 10:04, où deux taxis (4 et 8 places) nous attendent pour nous transporter en une heure à Forno situé dans le Val Strona (230 €, le retour depuis Alagna se fera au prix de 420€, mais il dure 2h), point de départ de notre randonnée.
A Forno, 896m, vallée des Pinocchio, nous visitons un atelier d'artisanat du bois, le vieux monsieur tombe sous le charme des atouts d'une participante et lui façonne, en un tournemain et avec talent, un marteau en bois avec son prénom gravé.
Nous montons ensuite, sous un demi-soleil vers Campello Monti, avec une pause pique-nique vers Piano del Forno, hameau semblant abandonné, heureusement les rhododendrons sont en fleurs!
Puis, nous passons le col de la Bocchetta di Campello, 1924m, avec une petite pluie qui mouille et entamons sans tarder notre descente.
(Bon, toute la semaine est annoncée comme pluvieuse).
Le rifugio Walser à San Gottardo m'avait signalé qu'ils avaient fait une erreur dans la réservation et qu'ils nous proposaient d'aller chez Renata à l'hôtel Fontana à Rimella-Chiesa 1193m.
Quel accueil...maternel! Quel bonheur!
Nos habits mouillés, nos chaussures, tout a été séché par la "ragazzina", en plus les chaussures ont été nettoyées!
Nous visitons le village et son église.
La demi-pension proposée à 58€, nous a finalement été facturée à 60€ en nous offrant la longue liste des antipasti pour 2€ au lieu de 12€!
La liste de ceux-ci est proprement interminable:
Fromages blancs à la confiture de myrtilles maison, salades, lard, beignets aux pommes, beignets de légumes, raviolis, haricots blancs, risotto, vitello tonnato.
Naturellement Italie oblige, le repas vient enfin... avec deux viandes: poulet et brasato, avec purée et polenta, épinards, haricots verts. Le dessert: glace à la crème avec coulis.
Le lendemain, on nous offre des pommes et des paninis pour notre pique-nique.
Dimanche 12 juin:
Départ à 09:30 avec le beau temps, direction
Parlons fleurs, un véritable festival : Anémones pulsatilles, Gentianes de Koch ou acaule, Corbeilles d'argent, Paradisie faux-lis ou lis de saint-bruno, soldanelles, myosotis, primevères pourpres, fougères, fétuques acuminées...
Animaux: Chamois, sifflements de marmottes, trois couleuvres mortes sur la route, des oiseaux, une salamandre.
Le départ est tranquille, sur une petite route, nous prenons un petit café juste avant Santa Maria.
A mi-montée, un bain de pieds bienfaisant pour certains, puis c'est l'arrivée à l'Alpe Baranca 1580m.
Quelques courageux osent la montée au lac di Baranca (+200m), mais l'immersion supposée se transforme vite en petit bain de pieds hésitant, décidément l'eau à six degrés et le bord du lac vaseux ne nous inspirent pas.
La patronne du refuge est formidable, petite dame très vigousse, très souriante, gaie, et qui a le sens de l'accueil.
Le dortoir est formé de lits style "colonie de vacances".
Le calme règne sur l'alpage.
Ce refuge a été brûlé (malveillance) il y a deux ans et des bénévoles ont aidé à sa reconstruction.
Le repas est succulent, avec des fromages frais, aux herbes pour certains, de chèvre, de vache et se termine par des grappa ou des limoncello.
Lundi 13 juin:
Départ vers 08:00 avec le beau temps. Trois participants un peu plus rapides, prennent la tête et disparaissent à l'horizon. Après une montée assez raide, nous les retrouvons au sommet, 100m plus haut, au-dessus du colle Egua 2239m.
Le massif du Mont Rose qui se devine devant nous est, comme trop souvent, caché par les nuages et refuse de se dévoiler.
Nous profitons de la vue quand même magnifique en prenant une pause, au centre d'un panorama à 360 degrés.
Tout au long des sentiers, nous croisons de nombreux hameaux abandonnés, avec de temps en temps une magnifique résidence secondaire restaurée.
Nous arrivons à Carcoforo 1304m, village authentique mais vieillissant, situé au bout de la vallée, le monsieur qui nous fait visiter l'église a 89 ans, le syndic en personne nous ouvre le musée naturalistique.
La demi-pension nous attend à l'auberge Alpenrose, quatre prennent le dortoir et sept sont en chambres. Le repas est correct et nous dégustons des pâtes avec une sauce délicieuse à base de multiples épices, suite et fin grappa et limoncello !
Mardi 14 juin:
Départ à 07:50 pour une longue étape, en réalité nous avalons les 1050m en un temps record, traversons quelques névés et passons le Colle del Termo 2351m pour arriver vers 14h à Rima 1416m.
Il faut dire que le ciel s'est couvert, avec un brouillard humide et dansant au col.
A Rima, nous sommes très bien accueillis à l'hôtel Tagliaferro. Le mari de l'hôtelière nous ouvre la casa del marmo artificiale afin de nous expliquer la technique bicentenaire pour fabriquer du faux-marbre (stuc) avec du gypse, l'imitation est parfaite, à s'y méprendre.
Les gens de Rima s'expatriaient jusqu'en Crimée, où leur savoir-faire, gardé secret, était très apprécié. Ceux-là perdirent tout à la révolution soviétique.
Le dernier "marbrier" a pu transmettre son savoir-faire, et il y a une école qui forme de nouveaux marbriers. Le faux-marbre coûte plus cher que le vrai, car cela demande beaucoup de main d'œuvre.
Anciennement, c'était le contraire, car le vrai marbre était lourd pour le transport (essentiellement situé à Carrare), alors que le gypse se trouvait souvent sur place et que la main d'œuvre était bon marché.
Notre dernière soirée est accompagnée d'un délicieux repas et d'une nuit réparatrice dans des chambres spacieuses, confortables et agrémentée de la sonorité fracassante de la cascade.
Mercredi 15 juin:
Départ vers 08:20.
La pluie annoncée est en retard, nous profitons même de ciel bleu. Petit déjeuner matinal et montée expéditive au Colle Mud 2324m. Un petit vent frais écourte la pause, nous pique-niquons un peu plus bas au Rif. S. Ferioli (2264m) et terminons notre descente sur Pedemonte.
Le bas du sentier est constitué de lourdes dalles et de grosses marches d’escalier en granit. Un bain de pieds s’impose pour détendre les voûtes plantaires des plus rapides. Pour les autres, pas le temps.
Nous avons juste assez d’avance pour s’envoyer la totale avant de sauter dans les taxis : granda birra, tiramisu, pannacota aux petits fruits des bois, café !!
Le transfert (2h) jusqu’à Domodossola débute par un arrêt à la fresque du jugement dernier et se fait ensuite sous une pluie battante. Mentionnons le kiosque devant la gare qui vaut le détour. Glaces italiennes à 2-3 boules. C’est pas fini !! Dans le train, il a fallu organiser la récupération d’un i-phone perdu dans le taxi avant d’échafauder de nouveaux projets. Pas si mal pour cette rando de cinq journées annoncées pluvieuses. Nous n’avons en tous cas pas perdu de poids ! Viva Italia !